Dans cet article et surtout cette vidéo, je fais l’interview de Florian SAFFER qui est formateur pour les diététiciens au Centre de Formation Diététique et Comportement notamment sur le syndrome de l’intestin irritable et l’alimentation pauvre en FODMAPs.
L’interview étant longue, je l’ai séparée en 2 parties.
Vous allez donc lire ou voir la deuxième partie de l’interview, cliquez ici pour voir la première partie de l’interview.
En dessous de la vidéo j’ai mis la transcription texte de l’interview.
Blanche VIDAL SOLER: Est-ce que les personnes qui ont perdues ou pris du poids à cause de leur syndrome de l’intestin irritable, grâce à l’alimentation pauvre en FODMAP, pourront récupérer ou reperdre le poids?
Florian SAFFER: Alors ça c’est une très bonne question, ce n’est pas l’alimentation pauvre en FODMAP en elle-même qui va les aider à perdre du poids si elles en ont pris ou à reprendre du poids si elles en ont perdu. C’est la sérénité qu’elles vont pouvoir retrouver derrière. Parce que quand j’ai mal au ventre, quand je suis plié en deux de douleurs, peut-être que je restreins mes apports alimentaires. Beaucoup de gens deviennent anxieux par rapport à la nourriture, ils ne mangent plus assez, ils perdent du poids on le voit souvent. En retrouvant ce confort ils vont être dans un contexte physiologique, ils vont pouvoir écouter leur corps et pouvoir de nouveau se nourrir correctement. Et on sait aussi que les gens qui, tout simplement, prêtent de l’attention sur leur façon de manger, peut être aussi manger un petit peu mieux, donc pour ceux qui avaient gagné un petit peu de poids, c’est peut être aussi l’occasion de retrouver tout simplement de bonnes habitudes alimentaires. On ne peut pas dire en soit que ce soit l’alimentation pauvre en FODMAPs qui joue sur le poids, peut-être que les bénéfices que ça va apporter, c’est peut être bien sur des bénéfices, le confort que ça peut donner qui est propice à prendre soin de soi, à s’écouter. La deuxième chose, c’est peut-être l’attention que je vais porter à la nourriture. Si j’ai une intention qui est bienveillante, ça va peut-être m’amener à faire des choix qui sont bons pour moi.
Blanche VIDAL SOLER: Et aussi de manger moins de plats industriels, de faire plus soi-même pour savoir les ingrédients que l’on mange réellement et cetera?
Florian SAFFER: Et bien exactement, quand on commence à s’intéresser un petit peu, quand on commence à prendre soin de soi par la nourriture, c’est rare qu’on continu à acheter des produits industriels, on va peut-être être beaucoup plus vigilent sur le choix, peut-être qu’on va choisir des produits industriels qui sont meilleurs en terme de qualité. Et alors peut être qu’on va aussi s’orienter vers d’avantage de produits bruts, peu transformés. Car on sait qu’aujourd’hui, pour être en bonne santé globalement, s’il y a quand même une réglé à retenir c’est qu’on est en meilleure santé en mangeant des produits peu transformés qu’en se nourrissant principalement d’aliments industriels. Je suis tout à fait d’accord avec ça.
Blanche VIDAL SOLER: Que peut-on consommer lorsque l’on est végétarien et que l’on doit avoir une alimentation pauvre en FODMAP, pour avoir tous les acides aminés essentiels dans son alimentation?
Florian SAFFER: Les acides aminés essentiels c’est une substance, ils sont apportés par l’alimentation. On va en trouver beaucoup dans la viande, le poisson, les œufs, des aliments qui ne sont pas mangés par les végétariens. Mais on va aussi en trouver beaucoup dans les légumineuses qui sont des aliments qui peuvent poser des problèmes parce que ça ballonne beaucoup. Alors ce qu’il faut savoir c’est que beaucoup de végétariens quand même consomment des œufs, donc les œufs sont de très bonnes sources de protéines. Beaucoup de végétariens consomment des produits laitiers. Alors certains produits laitiers vont pouvoir apporter aussi les acides aminés indispensables et vont être compatibles avec l’approche pauvre en FODMAPs. C’est notamment les fromages affinés. Et puis le but du jeu aussi ça va être de très rapidement pouvoir élargir. La deuxième phase est très importante pour que le patient puisse aussi peut être réintroduire un petit peu de légumineuses, peut-être un peu de lentilles, peut-être pas en grosses quantités mais peut être dans des proportions qui vont être tolérées par l’organisme. Surtout, c’est pour ça que l’accompagnement d’un diététicien est central puisque effectivement ça serait le piège. Ca devient un peu plus compliqué, c’est vrai, pour quelqu’un qui est végétarien, mais c’est loin d’être impossible.
Blanche VIDAL SOLER: Par exemple, j’ai vu avec le quinoa que tous les acides aminés essentiels sont en quantité suffisante pour ne pas avoir de facteur limitant en acides aminés essentiels. Et est ce qu’il y a d’autres aliments comme ça qui sont complets et où on n’a pas besoin de mettre des légumineuses avec les céréales.
Florian SAFFER: Ca va être notamment le cas du tofu, qui est une protéine végétale. Qui est plutôt bien tolérée dans les syndromes de l’intestin irritable. Il ne faudrait pas non plus en manger massivement, mais ça peut, mais l’idée c’est qu’il y a quand même, il reste beaucoup de sources de protéines, de bonnes sources de protéines malgré tout. Il ne faut pas oublier que la majorité des céréales, en fait, va apporter des acides aminés. Le riz va apporter un peu d’acides aminés. Les acides aminés, ces morceaux de protéines, on va les trouver un petit peu partout. Donc avec peut être du fromage affiné, du lait sans lactose, ça c’est une très bonne source de protéine, du quinoa comme tu l’as évoqué, un petit peu de tofu, des œufs pour les végétariens qui mangent des œufs. Et certains végétariens qui continuent de manger du poisson, c’est aussi une très bonne source de protéine. C’est vrai que l’accompagnement par un professionnel devient important.
Blanche VIDAL SOLER: Quelles sont d’après toi les méthodes complémentaires à l’alimentation pauvre en FODMAP pour soulager les symptômes dus au syndrome de l’intestin irritable.
Florian SAFFER: Alors, ce qui est assez important c’est qu’on peut différencier des approches qui ont été un peu validées scientifiquement, des approches qui sont peut-être plus, qui reposent plus sur des usages traditionnels. Alors, dans les approches qui ont été validées scientifiquement, il y a des travaux qui montrent que ça donne du confort. On peut parler d’hypnose et d’autohypnose. Moi je connais bien l’hypnose, je suis aussi formateur en hypnose, je pratique l’hypnose. C’est une approche qui, voilà, il y a des travaux, il y a énormément de travaux qui donnent, évoquent, des améliorations durables à moyen terme c’est à dire à 2 ans et plus. Ça c’est quand même intéressant à savoir. Ce qu’on sait aussi c’est que par exemple certaines huiles essentielles ont été étudiées: c’est le cas notamment de l’huile essentielle de menthe poivrée. Donc l’huile essentielle de menthe poivrée a un effet sur le syndrome de l’intestin irritable si elle est utilisée dans de bonnes conditions, c’est à dire qu’il faut qu’elle soit en gélules qui résistent à l’estomac, qu’elles soient encapsulées. Ça c’est des approches qui semblent efficaces. Après il y a des approches qui ne feront pas de mal mais qui sont peut-être mois évaluées scientifiquement mais qui semblent donner quand même de bons résultats comme le yoga, toute activité de détente, des massages, chaque fois qu’on va aussi prendre soir de son corps on va aussi être dans une relation qui va lui permettre de s’apaiser, de se réguler. Ça s’est quelque chose qui est important.
Blanche VIDAL SOLER: Donc avec la méditation…
Florian SAFFER: Alors la méditation en fait, il y a beaucoup de travaux sur la méditation en pleine conscience, ce qu’on appelle notamment la MBSR. C’est une méditation qui vise à réduire le stress. Montrent que la méditation permet de mieux vivre avec les douleurs. Donc ça c’est quelque chose qui peut aussi aider les gens. Pouvoir avoir aussi des approches où l’on puisse mieux collaborer avec ces problématiques-là.
Blanche VIDAL SOLER: Et j’ai entendu parler de l’Aloe Vera, il y aurait des capsules gastro-résistantes et que ça marcherait bien pour réduire les symptômes et même certaines personnes diraient…. ne vont plus avoir de symptômes ou que très rarement grâce à l’Aloe Vera et sans alimentation pauvre en FODMAP.
Florian SAFFER: Alors, j’en ai entendu parler par certains de mes patients qui peuvent me donner ce retour-là, qui ont pu voir ça sur le net. C’est vraiment important de pouvoir regarder aussi, pourquoi pas, de s’intéresser à ça, de rester curieux, de regarder un petit peu ce qu’en pense la science, de regarder un petit peu s’il y a des études qui portent la dessus. Je ne crois pas que ça soit le cas aujourd’hui, qu’il y ai vraiment des études sérieuses qui nous montrent que c’est efficace. Bien évidemment, les laboratoires qui produisent ces types de compléments-là ont tout intérêt à nous dire que c’est génial et le retour des patients sont intéressants, mais ça serait vraiment important de pouvoir un petit peu suivre ça, de regarder un petit peu d’ici quelques temps les travaux scientifique là-dessus et puis de voir si c’est vraiment une piste pertinente. Restons ouverts à ça.
Blanche VIDAL SOLER: Est-ce que tu as un dernier conseil à donner aux personnes qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable et qui regarderont cette vidéo?
Florian SAFFER: Oui, ça va être vraiment de garder de l’espoir, voire de cultiver de l’optimisme par apport à ça. Parce que, ce que j’ai observé, c’est que beaucoup de personnes ont essayés beaucoup de choses et ça n’a pas fonctionné. Donc du coup elles sont dans une forme de, ce que l’on appellerait de l’impuissance apprise; j’ai tellement tout essayé que bon j’abandonne, je me résigne. Hors, l’alimentation pauvre en FODMAP, c’est assez contemporain, c’est assez récent. Peut-être essayer. La méditation, l’hypnose, avoir une relation à soi peut être un peu plus calme, un peu plus apaisée. De rester ouvert et de rester optimiste. Peut-être que, il n’y aura peut-être pas une guérison totale, mais tout simplement pouvoir garder un peu d’espoir de mieux vivre avec ces maladies-là. Pour avoir accompagné vraiment beaucoup de personnes qui ont ces problématiques-là, vraiment ce qui, c’est vraiment central de voir qu’en agissant on a de l’impact sur notre santé. On garde, on a du pouvoir sur notre santé, on peut se prendre en main et ça paye.
Blanche VIDAL SOLER: Merci beaucoup Florian et puis à bientôt
Florian SAFFER: Merci Blanche
Pour avoir plus d’informations sur Florian SAFFER, vous pouvez aller sur son site (http://www.floriansaffer.com/) ou sur le site du centre de formation (http://www.dietetiquecomportementale.com/)
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