Dans cet article et surtout cette vidéo, je fais l’interview de Florian SAFFER qui est formateur pour les diététiciens au Centre de Formation Diététique et Comportement notamment sur le syndrome de l’intestin irritable et l’alimentation pauvre en FODMAPs.

L’interview étant longue, je l’ai séparée en 2 parties.

Vous allez donc lire ou voir la première partie de l’interview, la seconde partie sera dans une autre vidéo.

En dessous de la vidéo j’ai mis la transcription texte de l’interview.

(La suite de l’interview est dans l’article: Interview de Florian SAFFER formateur FODMAP et SII pour les diététiciens vidéo 2/2)

Blanche VIDAL SOLER: Bonjour Florian, est ce que tu peux te présenter et dire quel est ton rôle auprès des diététiciens?

Florian SAFFER: Bonjour Blanche, alors moi je suis diététicien, comme tu l’as dit, depuis 15 ans. J’ai une activité libérale, je travaille à peu près 3 jours par semaine au cabinet. Je reçois pas mal de patients notamment qui ont des problèmes intestinaux, des troubles fonctionnels de l’intestin. En parallèle du cabinet, j’ai un centre de formation qui s’appelle le centre de formation diététique et comportement qui a pour vocation justement de former les diététiciens à des approches un petit peu innovantes, qui ne sont pas forcément connues, notamment la prise en charge des patients qui ont des problématiques intestinales.

Blanche VIDAL SOLER: Pour quelles raisons a tu décidé de créer une formation pour les diététiciens et tout particulièrement les diététiciens qui s’occupent des patients souffrants du syndrome de l’intestin irritable?

Florian SAFFER: Alors en fait j’ai choisi de faire de la formation parce que j’adore partager, j’adore partager les choses que j’ai pu apprendre, que j’ai pu découvrir et notamment par rapport à la problématique de l’intestin irritable, beaucoup de diététiciens en fait, beaucoup de confrères, consœurs ont évoqué leur difficultés; je ne sais pas vraiment quoi faire, je leur donne des conseils mais je n’ai pas l’impression que c’est très efficace et pour moi il y avait quand même pas mal de choses à faire, des choses peut être simples, des approches qui sont assez simples qui peuvent vraiment donner du confort a patient. Moi ça m’a semblé vraiment pertinent de pouvoir transmettre ces savoirs et aussi ces savoirs-faire au diététicien pour qu’ils puissent mieux aider ces patients. Ils sont nombreux donc ils sont importants, il y a beaucoup de patients qui ont ces problèmes là et qui ont besoin justement de l’aide d’un diététicien.

Blanche VIDAL SOLER: Que penses-tu des connaissances des diététiciens en général et de leur approche de la maladie avec leurs patients?

Florian SAFFER: Les diététiciens en général, ils ont une formation quand même qui est scientifique, qui s’intéresse à beaucoup de chose, mais dans nos études, on ne va pas beaucoup parler du syndrome de l’intestin irritable voir pas du tout. Et quand on nous en a parlé, c’est avec un petit peu des espèces de généralités ou des conseils un petit peu de base qui ne s’avèrent pas forcément efficaces comme: il faut réduire les crudités, il faut manger un peu plus de fibres, il faut se déstresser. Hors, on sait que ces connaissances-là ne sont pas forcément d’actualité, on sait qu’aujourd’hui la recherche nous montre qu’il y a des approches qui sont beaucoup plus pertinentes en terme de nutrition, et malheureusement beaucoup de diététiciens ne sont pas formés à ces approches-là, n’ont pas ces connaissances-là. Donc ça c’est vraiment important notamment c’est le conseil que je peux donner aux personnes qui fréquentes ton blog, de pouvoir aussi interroger, peut être le praticien un peu sur son expertise dans le domaine du syndrome de l’intestin irritable. Parce que c’est loin d’être la norme.

Blanche VIDAL SOLER: Comment aimerais-tu que les diététiciens prennent en charge les patients qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable?

Florian SAFFER: Déjà qu’ils le fassent d’une manière pluridisciplinaire, c’est à dire peut être en collaboration avec le généraliste, le gastro-entérologue. Travailler dans son coin n’est jamais bon pour le patient, c’est vraiment important que ça soit un travail d’équipe. Il ne faut pas oublier que le diététicien n’est pas médecin, donc il est là pour aider au changement alimentaire. Donc déjà de manière pluridisciplinaire, en équipe. Qu’il le fasse aussi en tenant compte des avancés de la science, de manière scientifique et rigoureuse, et qu’il le fasse aussi avec son cœur. C’est à dire qu’on est vraiment dans un accompagnement qui doit être humain, ça c’est vraiment central.

Blanche VIDAL SOLER: Une fois le diagnostic posé par le médecin que conseillerais-tu au patient de faire pour trouver un diététicien qui soit spécialisé dans le syndrome de l’intestin irritable?

Florian SAFFER: Là c’est, mine de rien, un peu compliqué, parce que les diététiciens qui sont vraiment spécialisés dans le syndrome de l’intestin irritable, ils sont à ce jour pas très nombreux. Je dirais vraiment, je ne peux pas dire qu’ils se comptent sur les doigts de la main mais presque. Donc ça peut être, ne serait-ce que de demander au diététicien lors de la prise de rendez-vous s’il a une expertise dans ce domaine-là, si vraiment c’est son domaine. Et ça c’est vraiment capital parce qu’effectivement il y a 90% de chances que ça ne soit pas le cas. Donc le diététicien va peut-être faire de son mieux mais ça ne sera peut-être pas suffisant pour proposer, pour amener à des améliorations qui soient notables. Tous simplement d’avoir la curiosité de demander si le diététicien a un peu d’expertise dans le domaine.

Blanche VIDAL SOLER: Que penses-tu de l’alimentation pauvre en FODMAP pour réduire les symptômes dus au syndrome de l’intestin irritable?

Florian SAFFER: Alors, oui, ce qu’on appelle l’alimentation pauvre en FODMAP c’est un mode alimentaire qui consiste à retirer les sucres, les glucides qui peuvent fermenter dans l’intestin. Et on sait, que chez un grand nombre de patients, pas chez tous, mais chez un grand nombre, retirer ces sucres qui fermentent, ces FODMAP,s va apporter du confort. Donc ça c’est vraiment quelque chose aujourd’hui qu’on va proposer assez rapidement aux personnes qui ont des syndromes de l’intestin irritable pour les amener à plus de confort.

Blanche VIDAL SOLER: Quelles sont les étapes nécessaires pour réussir l’alimentation pauvre en FODMAP et la réintroduction?

Florian SAFFER: Déjà, tu as évoqué qu’il y avait une réintroduction et ça c’est important: on n’est pas dans un régime d’éviction. C’est un peu à la mode des régimes sans: le régime sans gluten, sans lactose, sans viande, on peut même parler de régime sans FODMAPs. Ce n’est déjà pas un régime SANS FODMAPs, c’est un régime PAUVRE en FODMAPs. Et il y a vraiment une chronologie. Il y a une première étape qui va consister à réduire fortement les FODMAPs, ces fameux sucres qui fermentent. On va les enlever puis on va regarder ce qu’il se passe. Mais le plus important, voilà cette étape elle va juste permettre de regarder si la personne, elle garde en confort en retirant ces fameux sucres. Il y aura une deuxième étape derrière qui est capitale c’est de pouvoir les réintroduire progressivement. Il faut que le patient arrive à se connaitre. Donc pour moi ce qui est central c’est que le patient puisse aussi être à l’écoute de ses signaux. Qu’il arrive à avoir l’esprit un peu d’un méditant qui apprend à se connaitre. Qu’il puisse regarder ce qui lui convient et en quelle quantité ça lui convient.

Blanche VIDAL SOLER: Combien de temps ça peut mettre avant de voir les symptômes diminuer?

Florian SAFFER: Alors ce qui est important c’est que pendant la première phase on va réduire fortement ces fameux sucres, ces fameux FODMAPs. On va avoir des résultats qui peuvent apparaitre assez rapidement. Chez certains patients ça va être le deuxième, troisième jour. Chez d’autres patients ça peut être un peu plus long : deux semaines trois semaines et ça peut même aller jusqu’à 6 semaines. Donc ça c’est vraiment important. D’ailleurs si il y a des personnes qui suivent un régime, une alimentation pauvre en FODMAPs, c’est vraiment important de savoir que, si au bout de trois semaines, ou quatre semaines, il n’y a pas d’amélioration, ça ne veut pas dire que ça ne va pas marché, il faut peut-être laisser un petit peu de temps. Donc c’est vrai qu’il peut vraiment y avoir des soulagements très très précoces comme des soulagements un peu plus tardifs.

Blanche VIDAL SOLER: Est-ce que tu penses que l’alimentation pauvre en FODMAP peut aider les personnes qui ont des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin comme la rectocolite hémorragique ou la maladie de Crohn ou bien même la maladie cœliaque?

Florian SAFFER: Alors, ce qui est très important à comprendre c’est que par exemple, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, ce qu’on appelle MICI: rectocolite hémorragique, maladie de Crohn ne sont pas des maladies déclenchées par l’alimentation. Ça c’est très important à faire entendre ça aux patients parce que des fois ils vont penser que c’est leur mode alimentaire qui génère leur maladie. Hors ça n’est pas vrai, la science ne montre pas qu’il y a une alimentation qui va déclencher ces crises-là. Donc pour vraiment prévenir les crises malheureusement l’alimentation n’a pas vraiment d’impact. Ce qu’il faut savoir c’est que chez les patients qui souffrent de ces maladies-là: rectocolite hémorragique, maladie de Crohn il peut aussi coexister un syndrome de l’intestin irritable. Il peut y avoir un intestin qui globalement ne va pas bien et dans ce cas-là, effectivement, l’alimentation pauvre en FODMAPs peut apporter du confort au patient.

Blanche VIDAL SOLER: Donc aussi pour la maladie cœliaque, pareil?

Florian SAFFER: Alors, la maladie cœliaque n’est pas améliorée par l’alimentation pauvre en FODMAPs mais elle peut, si elle cohabite de nouveau avec un syndrome de l’intestin irritable, améliorer le syndrome de l’intestin irritable. Donc ce qui est vraiment important c’est qu’aujourd’hui, l’alimentation pauvre en FODMAPs, la première indication c’est le syndrome de l’intestin irritable. C’est pas les MICI, ce ne sont pas les intolérances au gluten; la maladie cœliaque. Mais ça peut coexister, il peut y avoir des comorbidités et on sait que, par exemple, beaucoup de patients, je n’ai pas vraiment les statistiques en tête, mais il y a une représentation assez importante de patients qui ont des MICI qui ont aussi un syndrome de l’intestin irritable et qui peuvent donc bénéficier, tirer des bénéfices d’une alimentation pauvre en FODMAPs.

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Pour avoir plus d’informations sur Florian SAFFER, vous pouvez aller sur son site (http://www.floriansaffer.com/)  ou sur le site du centre de formation (http://www.dietetiquecomportementale.com/)

La suite de l’interview est dans l’article: Interview de Florian SAFFER formateur FODMAP et SII pour les diététiciens vidéo 2/2

N’hésitez pas à me laisser votre avis sur cette interview dans les commentaires ci dessous.

 

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